carry z’élus

Cher lecteur en ces temps incertains où le travail arrive aussi vite qu’il repart, je me devais de réfléchir à un moyen de gagner ma vie lorsque mon contrat sera terminé et que je serais au chômage. Puisqu’il est connu que l’emploi d’un jeune réunionnais est aussi stable que les falaises de la route menant à Cilaos, il était important pour moi d’avoir une solution de secours.

J’ai donc décidé, après une observation des comportements de mes concitoyens locaux et une réflexion de plusieurs milliers de nano-secondes, de monter mon propre restaurant ! Tu te demandes sûrement d’où m’est venue une pareille idée ? C’est simple ! Il est fort connu que les réunionnais aiment manger ! après avoir été coincé dans un bus surchargé de Dionysiens bien nourris, j’ai vite compris qu’il était rentable de monter une entreprise de restauration permettant à mes congénères de continuer de se goinfrer dans la ville de Saint-Denis en évitant de soutenir les chaînes de fast-food.

Mais avant de faire une demande à la CCIR (Chambre de Commerce et d’Industrie de la Réunion) il faut bien sûr monter un dossier en béton et faire une étude de marché, et c’est dans cette optique que je voudrais t’utiliser, cher lecteur jamais rassasié des statistiques de l’INSEE, en t’exposant de manière claire mon idée avant que je monte mon powerpoint.

Tu te poses bien évidemment la question suivante : comment arrivera t-il à se démarquer de ses concurrents ? les fournisseurs de barquettes sont nombreux sur l’île et la concurrence fait rage entre ses vendeurs de carry poulet avec haricots rouges sur un lit de riz blanc. Je t’expose donc mon concept révolutionnaire cher ami ! Mon idée est claire : rallier deux des sujets les plus importants pour les réunionnais en un seul et même lieu ! je souhaite ouvrir un restaurant politique !! (bruit d’une trompette triomphale)

Imagine ami é-lecteur, une salle avec la configuration d’un hémicycle où les clients choisiraient de se mettre à droite ou à gauche d’un bar central (rempli de bouteilles de Rhum – soutenons les produits locaux). Les murs du restaurant seraient décorés par des affiches des différentes élections: municipales, cantonales, législatives, régionales qu’elles soient de gauche ou de droite. Le mobilier serait aux couleurs de la République avec des tables bleu-blanc-rouge, des bustes de Marianne, des urnes en guise de pots de fleurs et accessoirement un tabouret rouge, jaune, bleu pour nos amis nationalistes.

Afin d’éviter les conflits, nous veillerons à mettre une séparation avec des paravents rouges pour isoler les syndicalistes des chefs d’entreprises. Les toilettes auraient des rideaux pour donner un effet isoloir (d’ailleurs pour les toilettes des hommes nous pourrions réutiliser les urnes comme urinoirs…) J’installerai une vieille voiture sono pour scander les vieux discours des politiciens en guise de musique d’ambiance et j’embaucherai d’anciens employés communaux (virés après l’arrivé d’une nouvelle majorité) comme serveurs et cuisiniers (les plats nous rappellerons le doux temps de la cantine scolaire).

Cela ne te fait pas déjà envie ami lecteur ? Mais cette décoration républicaine n’est rien à côté du menu que je te proposerai !

Commençons par l’entrée, je suggère une farandole de nems Paul Vergès avec des nems mis les uns derrière les autres afin d’imiter un tram-train. Si vous préférez une entrée chaude, je peux vous proposer un bouillon Aude Palant-Margoz (servie avec accusé de réception).

Une fois l’entrée avalée, des plats de résistance traditionnels  seraient au choix : Le sauté mine Thien Ha Koon, le poulet aux ananas René-Paul Victoria, le cabri massalé Jean-Paul Virapoullé (après 37 ans de macération, la fraîcheur de ce cabris n’est pas garantie) ou encore le civet papangue Huguette Bello servi dans une assiette reprenant les différentes mesures pour le droit des femmes. Il sera toujours possible de prendre un plat plus léger comme des sardines Thierry Robert marinées dans le sel de Saint-Leu depuis 2008 (personne souffrante d’hypertension s’abstenir)

Je précise que ces plats seront servis avec 900 grammes de riz blanc « Jean-Yves Ratenon » (ancien produit de marque distributeur) cette ration est forcément conséquente, mais il faudra bien finir les ballots de 50 kg qu’on a avec 6 euros (encore merci au COSPAR pour son action !).

Bien évidemment, un repas n’est jamais complet sans un petit dessert et là encore le choix sera large avec entre autres : La crème renversée pyramidale de Didier Robert (plus fort que l’île au Caramel !), la glace au chocolat Jean-Yves Minatchy irriguée d’un coulis de sirop de canne par l’antenne 7 ou 8 ou 3 ou 4 (selon l’avancement du projet de basculement), le banana split de Jacqueline Farreyrol avec glace aux parfums vanille, cumin, sucre de canne, mangue et tamarin. Le gâteau patates Stéphane Fouassin (ce n’est pas qu’il soit spécialement gros, mais on ne peut pas être maire de Salazie et ne pas défendre les cultures communales – quoique si l’on ne soutient pas les agriculteurs…) La coupe glacé Nassimah Dindar avec une boule bleue (parfum chewing-gum) pour représenter la droite et une boule rose (parfum chewing-gum aussi) pour la gauche. Le client pourra choisir laquelle des deux boules il souhaite réellement manger…


Pour finir, il sera possible pour le client de prendre un digestif, pour le moment je n’ai qu’une boisson à proposer : un petit Gilbert Anisette avec sirop de goyave pour en faire une boisson rouge socialiste servi avec la facture du projet « Saint-Denis 2020 » (histoire d’avoir une bonne raison de boire, surtout si l’on est Dionysien).

Un menu alléchant n’est-il pas ? Bien évidemment ce n’est qu’une ébauche, nous pourrons compléter ces mets suivant les nouveaux arrivants sur la scène politique ou les scandales prochains… À vrai dire, si nos politiciens locaux continuent sur la voie empruntée depuis la départementalisation, le menu devrait changer tous les mois, voir toutes les deux semaines !

Pour l’implantation de ce futur lieu branché, je souhaiterais acquérir un espace sur la ville de Saint-Denis, mais j’hésite encore entre un emplacement devant l’hôtel de Région ou un terrain proche du palais de la Source (hôtel du département). À moins que j’opte pour la faciliter et installe mon restaurant dans l’ancienne prison de Juliette Dodu, ce serait un clin d’œil… En tout cas une chose est sûre, j’appellerai cet endroit « Au plaisir d’élire ».

E-lecteurs j’attends ton avis ! (et tes subventions) n’hésite pas à me faire part de tes idées (et de tes sous) ce projet a des chances de réussir (contrairement à la plupart des grandes ambitions de nos amis politiciens).

P.S : l’idée de cet article m’est venu alors que j’étais dans un restaurant/bar près de la cathédrale de Saint-Denis qui servait des boissons aux noms blasphématoires (alléluia, hosanna, immaculée conception…)

P.P.S : pour répondre à Murielle, je devrais effectivement employé des vigiles ou des CRS pour contenir tout mes clients… D’anciens nervis devraient faire l’affaire non ?

7 réflexions au sujet de « carry z’élus »

  1. j’étais tout à fait d’accord jusqu’à ce que je vois « politique »
    l’histoire même de la Réunion montre que les différentes tendances politiques ne peuvent cohabiter dans le même espace géographique restreint, et même, certains sont prêts à faire qqs km pour aller tabasser leurs congénères aux idéaux différents… (étonnant de voir d’ailleurs que sur une ancienne colonie, il y ait autant de disparités politiques).
    donc euh ben « lol » quoi

  2. Trés mauvaise idée de servir de l’alcool dans ton restaurant à thème (et je pense que tu sais pourquoi…). Et ce restaurant me semble un peu trop élitiste, la masse populaire réunionnaise n’a malheureusement pas la vivacité d’esprit nécessaire pour comprendre la dénomination des plats et le choix de la décoration. Cependant, tu n’as pas à attendre la fin de ton contrat afin de te lancer dans cette aventure. a bien y réfléchir tu pourras apporter quelques modifications j’en suis sûr! lol!

      • il faut effectivement baigné un peu dans la culture politique réunionnaise pour tout comprendre ^.^ mais ce n’est qu’un post humoristique, je n’envisage pas sérieusement une carrière dans la restauration… l’odeur de bouffe toute la journée, très peu pour moi >.<
        Et oui il s'agit bien d'une vue de Saint-Leu, j'expliquerai cette nouvelle bannière dans un futur post sûrement…
        (mais au fait, vous ne l'avez pas aimé cet article ? je me suis donné un peu de mal à trouver ces jeux de mots digne de Laurent Ruquier T_T )

  3. j’adore le concept! mais faut voir j’ai jamais gouté ta cuisine!!!

    ps: je ne me permets pas de relever (révéler à toi de choisir) les fautes vu que c’est un resto réunionnais lol!

    bonne continuation que vas tu nous inventer la prochaine fois?! je suis pressé

  4. Je découvre petit à petit l’univers du Letchi… Et j’adore !
    Les fautes sont effectivement présentes, mais faute avouée, à moitié pardonnée d’une part, et j’ai malheureusement vu pire d’autre part 🙂

    Pour te rassurer, oui les jeux de mots sont bien trouvés. J’ai ri de bon coeur, j’apprécie les efforts… Et je trouve ça largement, mais alors largement mieux que les tentatives désespérantes de Laurant Ruquier 😉

    • Merci beaucoup pour ce message. Les commentaires sur le blog me touchent plus particulièrement parce que c’est là que j’ai commencé mon petit délire.
      J’espère vous faire encore un peu plaisir avec la suite…
      (note : je suis désolé mais je dois approuver les commentaires avant leur diffusion)

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